Chaque été, la Méditerranée surchauffée n’attend que l’étincelle que représentent les premières descentes dépressionnaires pour se réveiller. Il en résulte alors des orages très esthétiques au dessus de la mer, généreux en foudre souvent extra-nuageuse. Et même, quand les vents sont favorables, des trombes marines. Si par le passé le Golfe de Gênes a pu réserver de très belles situations à base de trombe marine stationnaire dans le port de Gênes et de défilé de trombes pendant des heures (voir ce récit croisé sur le site Chasseurs d’Orages). Depuis, le Golfe connaît un engouement croissant, pourtant, malgré son potentiel évident, rien n’y est jamais acquis d’avance ! Cela dit, vu la saison un peu laborieuse que j’ai connue en France, j’attendais avec impatience les premières situations sur le Golfe.

Depuis plusieurs jours, je surveillais l’activité sur le Golfe. Mais, peu emballé par l’aspect trop mobile et généralisé de l’activité entrevue, j’ai préféré me réserver pour plus tard. Tout va basculer dans la journée de samedi, où les derniers runs voient une activité stationnaire et convergente du côté de Savone, plutôt que des orages plus dynamiques du côté des 5 Terres. Moins loin, et meilleur potentiel esthétique, je me décide sur un coup de tête le samedi midi à partir ! Traditionnellement, toutes mes chasses italiennes se décident au tout dernier moment, et c’est d’autant plus facile maintenant que j’ai quitté l’Auvergne pour Lyon, me rapprochant ainsi de deux heures de l’Italie.

Sur la route, c’est toujours la même excitation, même si c’est ma troisième saison en Italie, que d’aller chercher ces orages si particuliers, à base d’alignement de chantilly stroboscopique sur fond de ciel étoilé au dessus de la mer. Arrivé à Savone vers 21 heures et après une bonne pizza, des averses orageuses prennent d’un coup sur le littoral, laissant penser que les hostilités sont lancées. Mais aucune activité électrique n’en découlera, et il faudra attendre jusqu’à minuit pour que les festivités soient lancées. Une cellule prend juste devant moi, et offre de beaux coups de foudre dans la baie. Je suis idéalement placé, c’est le seul noyau qui se montre généreux en foudre à l’avant, les autres cellules qui suivent donne toute leur foudre à l’arrière, en mer.

D’autres impacts sortiront soit plus loin, soit encore plus en extra-nuageux sur la gauche, hors-cadre. La pluie arrivant, il est temps de replier. D’autant que cette ligne d’orages s’étend par l’ouest, et qu’il faut donc se décaler. Après un bon core-punching avec quelques impacts très proches, me voici du côté de Finale Ligure. Alors que la ligne s’alimente de plus en plus à l’ouest, m’obligeant à me repositionner une nouvelle fois, la foudre étant trop lointaine. Finalement, vers 3 heures du matin, j’arrive enfin en bout de ligne, alors que l’activité semble se calmer.

Ciel typique des convergences méditerranéennes alors que l’activité orageuse décline : une chaîne de nuages cumuliformes à différents stades d’évolution, et une base qui ne demande qu’à accueillir une trombe !

Je suis en pleine recherche d’un endroit tranquille pour dormir, histoire de prendre des forces pour le lendemain matin, où la convergence est vue se renforcer, et donc le risque de trombes marines augmenter, bien plus facilement observables en plein jour. Mais une cellule prend à l’arrière vers 4h15, détachée du reste de la ligne. Je trouve un spot en catastrophe, la lumière des réverbères complique la prise de vue de par sa lumière parasite et m’obligera à pas mal jouer avec les curseurs en post-traitement, mais peu importe, je suis devant cette enclume naissante qui se tient devant moi et flashe de façon de plus en plus intense en son sommet. J’ai à peine le temps de sortir le matériel, de régler mon boîtier, quand, dès la première photo :

Voilà exactement la quintessence des ambiances d’orages méditerranéens que j’étais venu chercher ! La cellule isolée générateurs d’énormes extra-nuageux depuis son enclume. Notez qu’à ce moment là, sous la base, des abaissements suspects sont déjà présent
Un deuxième extra-nuageux se manifeste moins d’une minute plus tard, alors qu’un tuba descend sous la base.

L’ambiance est déjà épique, je suis comblé par ce qui se tient devant moi, de tels extra-nuageux rentabilisent déjà à eux seuls la chasse, mais ce n’est que le début de ce que cet orage va m’offrir. Trop brefs, les extra-nuageux ne m’ont jusqu’à lors pas laissé le temps de percevoir ce qui se tramait sous la base. Et ce sont des flash plus durables qui, quelques instants plus tard, vont permettre d’apercevoir un entonnoir sous la base.

A chaque flash, la trombe marine se révèle un peu plus. Tout est parfait, la structure de l’orage est dantesque, et cette fine trombe est vraiment la cerise sous le gâteau. Elle aura duré plus de dix minutes. Cette cellule se décalera ensuite vers l’est pour s’intégrer au reste du système. Les premières lueurs du jour se manifestent ensuite alors que les derniers extra-nuageux se manifestent dans le Golfe

Le jour se lève, je suis épuisé, je décide de dormir deux heures. Au réveil, le temps de se replacer, je louperai quelques trombes lointaines dans le Golfe. Qu’à cela ne tienne, j’ai vécu un moment fort avec cette cellule isolée qui aura donné le combo extra-nuageux et trombe. Pour le moment, je n’ai pas connaissance d’autres chasseurs d’orages qui auraient profité autant de cet orage, ces quinze minutes de spectacle en bout de ligne alors que la session semblait terminée, c’était vraiment magique. Au final, cette chasse sur un coup de tête aura été au delà de mes espérances, je rêvais depuis si longtemps d’immortaliser une trombe avec de la foudre. Qui sait ce que le Golfe réserve encore en cette année où la mer atteint des températures de surface supérieures à 30 degrés de façon si généralisée ?

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